Le village de Lieuvillers a une origine fort ancienne. Il fit partie à l’époque Gallo-Romaine de la cité -ou pagus- des Bellovaques qui, originairement comprise dans l’étendue de la Belgique première, fut ensuite à peu près contenue dans les limites actuelles de l’Ancien Diocèse de Beauvais.
Des traces de l’occupation ont été révélées par la découverte vers 1654 dans les fondations d’un vieux bâtiment de deux petites statues en cuivre de CERES, une voie romaine comme on le verra ci-après qui traverse à l’ouest une partie du territoire.
A l’époque Gallo-Romaine, l’agglomération de Lieuvillers était sans doute formée dans l’une de ces clairières éparses d’une région très boisée. Une monnaie mérovingienne fut trouvée à Lieuvillers près de Noroy. Cette monnaie présentait à l’avers dans le champ, une tête de loup autour IOCI VELACORUM, au revers, LEODO CISELO, dans le champ un graindis circulaire avec losange au centre.
Si l’on remarque l’étroite analogie qui existe entre Locus Velacorum et Lieuvillers, on peut en conclure que la pièce de monnaie a été exhumée là même où elle a été frappée. La forêt de Compiègne s’étendait sans doute jusqu’à Lieuvillers, ainsi la tête de loup doit être un emblème parlant.
En constatant l’aspect de la partie orientale du canton actuel de Saint-Just en Chaussée, il semble bien que la vaste forêt de Cuide se terminait par celle de Cressonsacq, laquelle a subsisté en partie par les bois de Pronleroy à Trois Etots. Une trouée qui sépare ces vestiges boisés, permet à la vue de s’étendre jusque dans la direction de Compiègne et de ses forêts environnantes.
Si l’on s’inspire des défrichements que les religieux de l’Abbaye Notre Dame de Saint-Just en Chaussée, de l’ordre des Prèmontrès, effectuèrent au 12ème siècle dans l’étendue des territoires des fermes de Trèmonvillers et de Morvillers, on doit supposer que pareilles opérations foncières à une époque contemporaine, ont livrées à l’agriculture, de vastes étendues de terrains dans les abords de la forêt de Cressonsacq.
Dans le précis sur le Canton de Sant-Just en Chaussée, publié dans l’annuaire 1855 du Département de l’Oise, Graves indique que la population qui nous intéresse était connue sous l’ancien nom de Locovillar, qui est sensiblement similaire à celui mentionné de Loci Valacorum dans le numéro précité de la revue numismatique.
Dans son étude sur les noms des lieux voisins de Clermont (mémoires de la société Historique de Clermont) Monsieur Pagniez établit que depuis l’époque Gallo-Romaine, à raison des défrichements et de la culture des céréales, des domaines se sont formés et qui ont tiré généralement leur nom de celui de leur possesseurs. Des villages se sont ensuite développés autour de ces domaines. Ils offraient alors l’aspect de petites forteresses entourées de palissades « Curtis » en Français « Court ».
Ce mot bas latin fut remplacé plus tard par celui de VILLARS « Villers » dans la composition du nom significatif d’une agglomération rurale ou d’un hameau.
L’auteur de cette étude explique ainsi spécialement la transformation du nom originaire en celui actuel de Lieuvillers.
De nombreuses histoires locales ont relatées les vissicitudes par lesquelles passèrent les populations du Beauvaisis, ainsi que les exactions et les pillages qu’elles subirent lors de l’invasion des Normands, des guerres des Comtes de FLANDRE contre les Rois de France, de la guerre de cent ans, des invasions Bourguignonnes et Espagnoles. Mais rien ne transpire spécialement au sujet de l’agglomération rurale de Lieuvillers, pas plus qu’à l’occasion de l’insurrection paysanne de la Jacquerie (1357) qui sévit avec une réelle intensité dans l’agglomération voisine de Pronleroy.
Les souvenirs sont plutôt faibles du passage des Cosaques en 1815, de l’armée Prussienne en octobre 1870. En 1918 malgré la proximité du front de bataille, Lieuvillers, ne souffrit pas des combats, le village resta indemne de tous dégâts matériels.
En 1944 à la libération du village celui-ci ne compta dans ses dommages que les dernières granges de la ferme de « LA FOLIE » détruit par un incendie à la suite d’un bref combat entre les blindés Allemands et des parachutistes Belges qui s’en tirèrent d’ailleurs adroitement et sans victimes. Durant les combats, quelques maisons de Lieuvillers ont été endommagées ou détruites.
Il existe sur le territoire de Lieuvillers de nombreux souterrains dont plusieurs ont été mis à jour lors de travaux d’adduction d’eau, et notamment en 1975 sous le parvis de l’Eglise un éboulement a révélé non seulement l’existence d’un souterrain mais également une véritable salle souterraine. Ces souterrains conduisaient au village de Pronleroy et il est probable que lors des invasions la population disparaissait dans ces souterrains.
Le territoire de la commune de Lieuvillers, tel qu’il a été déterminé au début de l’ère révolutionnaire, avec sensible modification des limites des anciennes paroisses de Lieuvillers, et de Saint Rémy en l’eau, s’étend sur une superficie de 924 ha, en longueur de l’est à l’ouest, depuis l’intersection de la route de Lieuvillers à Montiers et de celle d’Angivillers à Pronleroy Jusqu’à la RN16 de Paris à Dunkerque, par Amiens, au pied de la Montagne rouge d’Argenlieu. Sur ce dernier point le territoire est en limite de la ligne de faîte qui prend naissance à Grandvillers, passe par Crevecoeur, Nourard , Saint Rémy en l’eau où elle coupe à angle droit la vallée de l’Arre) Noroy, Bailleuil, le Fayel et finit à Rivecourt sur les bords de l’Oise.
Le territoire offre l’aspect d’un vaste plateau d’une altitude moyenne de 122 m, sans butte ni tertre, sans fontaine, ni source, à peu près dénudé et sillonné par de nombreuses ondulations. Ces ondulations forment des vallées sèches dont les principales se rencontrent autour du plateau des Nœuds vers Pronleroy et à l’extrémité du fief d’Harraville où se dessinent dans la direction de Montiers, des plissements de terrains qui, s’ils ne constituent pas l’ancien de l’Arronde, et ce n’est pas certain puisque lors du percement du puits pour l’alimentation en eau potable de Pronleroy on a pu constater qu’il existait un courant au fonds du forage qui a été fait précisément dans cette vallée au bord de la route d’Angivillers à Pronleroy et à l’entrée de ce village.
Cette petite vallée facilite l’écoulement des eaux pluviales vers le marais de La Neuvilleroy. Plusieurs de ces vallonnements de moindre importance ont été nivelés à la suite de la culture intensive, la fructification de plus en plus recherché du sol arable et la disparition des rideaux mais ce nivellement des pentes et des creux n’a pas été sans nuire à l’écoulement des eaux pluviales, qui en cas de trombe, heureusement peu fréquentes dans la région, produit un certain reflux de vase et de boue destructif des récoltes. La craie blanche occupe comme dans tout le bassin de Paris, la plus grande partie du sous-sol. Elle n’apparaît à la surface qu’à des points extrêmes du territoire à la vallée des Serans vers la Montagne rouge d’Argenlieu et sur la pente exposée au Sud du fief d’Haraville vers Pronleroy.
Le sol de ces dépendances crétacées avait été planté en sapin et ces bois ont été exploités aussitôt après la guerre 1940 – 1945. Actuellement la végétation est en taillis sauvage, ce qui fait le bonheur des chasseurs de Lieuvillers, ces bois ayant été acheté par la Société de Chasse. L’argile et les silex constituent les éléments du terrain superficiel de la craie. L’argile ou plutôt la terre argileuse domine quand la surface est horizontale, les cailloux se manifestent en raison directe de l’inclinaison du sol. Ces phénomènes géologiques sont apparents dans les pentes inclinées vers l’ouest où ne pointe pas la craie, mais où les cailloux souvent menus ont été dégagés de leur gangue argileuse par l’érosion des eaux pluviales, principalement dans la partie des vignettes d’Haraville au-dessus du chemin de Pronleroy et en direction du taillis du bois du chapitre(vente d’une terre aux vignes d’Haraville acte de Noel notaire du janvier 1775) dans la région des vignettes en limite du territoire d’Angivillers et à l’extrémité des lieux dits : l’Enfer ou la vallée Chaudron.
Dans les lieux à peu près horizontaux, là où elle a subi l’action de l’eau sans mélange de sable, l’argile est compacte et très tassée, elle forme une couche imperméable qui, alors qu’elle est plus ou moins profonde, est favorable ou nuisible à la végétation. Contrairement à ce qui se produit vers Rouvillers et Warnavillers où la fertilité du sol résulte d’un mélange d’argile et de sable, la terre arable à Lieuvillers révèle un diluvium épais et même un peu froid. Pour remédier à l’inconvénient de ces dépôts qui s’opposent à l’écoulement des eaux par infiltrations, il devient nécessaire d’effectuer des apports en marne ou en résidus industriels à base de carbonate de chaux. Le plan cadastral de 1826 a reproduit la division du sol telle qu’elle existait sur les anciens plans terriens. L’accroissement de la propriété individuelle a résulté de l’aliénation des immeubles possédés par des établissements religieux. La terre séculière de Lieuvillers pendant la période révolutionnaire était restée aux mains de M.de Francilien son propriétaire qui était demeuré en sa résidence de La Chapelle en Serval, près de Senlis, et ne fut pas condamné comme suspect aux nouvelles institutions. Cependant, les conventionnels Jacques Isoré et Collot d’Herbois n’avaient pas hésité à signaler au comité du salut public, les prétendus troubles suscités par le citoyen Francilien, Maire de La Chapelle en Serval et de l’envoyer au tribunal révolutionnaire (mémoires de la socité archéologiques de Clermont, an 1907 et 1909)